L'amiral Pierre Lacoste, 82 ans, est président de la Fédération des professionnels de l'intelligence économique. Au cours de sa carrière, il a été directeur général de la Sécurité extérieure et chef du cabinet militaire du Premier ministre Raymond Barre. Il intervient dans diverses formations universitaires et professionnelles autour de l'intelligence économique.
Archimag. Vous êtes président de la Fédération des professionnels de l'intelligence économique (Fépie), quelle est la principale raison de la création de cette Fédération ?
Amiral Pierre Lacoste. L'idée de la Fépie est venue d'un certain nombre de professionnels, de consultants en intelligence économique, qui ont pris conscience du besoin de s'organiser. Notamment, parce qu'ils ont été prévenus par Alain Juillet, haut responsable en charge de l'intelligence économique (HRIE) auprès du Premier ministre, que s'ils ne s'organisaient pas eux-mêmes, c'est l'Etat qui s'en chargerait. Il a récemment a décidé de réglementer les professions de la sécurité et de la recherche comme, par exemple, les détectives privés, il a donc envisagé de faire passer les professions de l'intelligence économique dans le même moule. C'est une preuve de confusion, d'ailleurs, puisque beaucoup des métiers de l'intelligence économique n'entrent pas dans ces catégories. Il était donc est souhaitable que les professionnels prennent eux-mêmes l'initiative de s'organiser.
Archimag. Les professionnels de l'intelligence économique assimilés à des détectives privés ? N'est-ce pas un peu exagéré ?
Amiral Pierre Lacoste. Non, car le mot « intelligence » est trop souvent assimilé à du « renseignement illégal ». La création de la Fépie répond à un réel besoin de clarification, d'éclaircissement et de mise en ordre des différentes activités qui concernent spécifiquement les professions de l'intelligence économique. Et, également au besoin de délimitation des frontières qui les séparent des professions de la sécurité et de la recherche privée d'informations. Il est nécessaire de faire le tri entre toutes ces catégories.
Archimag. Mais les professionnels de l'intelligence économique ne sont pas facilement identifiables. Quels sont les types de métiers que vous souhaitez fédérer ?
Amiral Pierre Lacoste. Ma première démarche, quand j'ai accepté de présider la Fépie, a été de réunir les professionnels pour m'assurer que tous étaient bien d'accord sur les finalités. Et puis de créer trois groupes de travail dont l'un était chargé de travailler à la typologie des métiers de l'intelligence économique. Ce groupe de travail a été très intéressant et novateur pour définir dans le détail les activités propres à chacun des métiers. Des fiches ont été rédigées portant sur la veille, la protection du patrimoine immatériel, sur l'influence et la contre-influence et sur le conseil en I.E. Elles sont consultables sur notre site web (1).
Archimag. Quelles ont été les missions des deux autres groupes de travail ?
Amiral Pierre Lacoste. Le second était chargé de définir les statuts de l'association, le troisième de rédiger une charte d'étique. L'un a donné naissance à la Fépie, l'autre a élaboré une charte d'une page qui garantit que les professionnels de l'Intelligence économique s'engagent à respecter des règles simples de déontologie, d'éthique et de moralité dans l'exercice de leurs prestations. Elle tient en huit articles, ce qui, en fin de compte, est bien plus contraignant que des longs développements. Tous les adhérents de la Fédération sont priés de la signer au moment de leur adhésion.
Auteur : Hélène Ochanine
Source : Archimag – Avril 2006