Comme annoncé, le 18 mai, c’était soirée Intelligence économique. Plutôt que de vous faire un compte-rendu intégral, ce qui reviendrait à répéter les discours tenus ici ou là ou bien encore ici plus récemment à quelques variantes près, je vais essayer d’aller à l’essentiel…
Bernard Carayon, qui vient donc de publier son ouvrage, a tout d’abord présenté la définition de l’intelligence économique issue du rapport Martre, et l’amibuïté subsistante entre intelligence dans son acception anglo-saxonne et celle française de l’époque. (Au remarque en rappelant à chaque conférence cette ambiguïté je suis pas sur que c’est comme cela qu’elle va s’estomper.)
Bernard Carayon continue en disant que dans son rapport de 2003 il avait présenté une nouvelle définition de l’intelligence économique : l’Intelligence Economique est une politique économique, un patriotisme économique.
Cette politique publique se décompose en 4 axes :
- La sécurité économique des marchés stratégiques (et selon lui un marché stratégique est un marché dont la valeur ne se limite pas à un arbitrage prix / Valeur Ajoutée : c’est un marché qui produit aussi de l’influence internationale, de la puissance, du rayonnement.)
Pour cela l’Etat doit mettre en place des dispositifs efficaces de protection à l’américaine en faisant fi de sa trop grande naïveté (In-Q-Tel, advocacy center, american presence posts, Cohen act… ) Selon Bernard Carayon, la France est le moins protectioniste des pays industrialisés et ne doit donc pas avoir honte de mettre en place ce type de dispositifs.
- L’accompagnement des entreprises pour conquérir des marchés étrangers, l’accompagnement de l’Etat étant à ce jour trop erratique, trop chaotique.
- La production de normes internationales : aujourd’hui les entrepreneurs français ne perçoivent pas assez le poids de ces normes et les enjeux que représente la participation active à la mise en place de ces dernières.
- La Formation qui est aujourd’hui trés inégale en terme d’intelligence économique, ces dernières se déroulant aujourd’hui beaucoup en fac, et trop peu en grandes écoles.
Voilà en quelques lignes la substantifique moëlle du discours de Monsieur Carayon qui s’est très (trop?) largement étendu sur les dispositifs de protection américains. Au passage et pour l’anecdote on retiendra que « le marché del’intelligence économique est en pleine expansion avec plus 40 % de croissance annuelle » (????????Faut que je monte ma boîte ça y est c’est décidé!!! 🙂 ) ce qui n’a pas manqué de me faire sourire et de faire sourire Monsieur Pascal Frion qui était là pour assurer la deuxième partie de qui s’est prolongée jusqu’à une heure indécente…puisqu’il était une heure…
Voir le site de Bernard Carayon
Pascal Frion est donc le fondateur de l’ACRIE, qui a écrit plusieurs ouvrages sur la recherche d’information, et édité un logiciel d’autoformation à la recherche d’information sur Internet (AcrieNet) et un logiciel de gestion de projet (AcrieProj).
D’abord je tiens donc à remercier vivement Pascal qui a assuré cette intervention et apporté un peu de son expérience de consultant avec à la clé un éclairage concret sur une soirée qui avait commencé dans la stratosphère étatique.
Un compte rendu rapide de son propos qui malheureusement fut trop rapide, mais que je vais essayer de ne pas déformer…
Tout d’abord, Pascal Frion insiste sur la nécessité de « passer de l’ère industrielles à l’ère de l’information en faisant évoluer le comportement des entreprise face à l’information ».
Ainsi Pascal Frion explique que sa méthodologie de travail ainsi que ses préoccupations sont trés tournées vers le comportement des personnes plus que vers les outils…
Pascal Frion oppose la veille qui selon lui n’est qu’une mise à jour de données (concurrence, environnement…) et l’Intelligence économique qui est un ensemble d’actions coordonnées.
Il recense les nombreuses erreurs souvent constatées en entrepise lors de l’initiation d’une démarche de veille (d’intelligence économique?)
- L’entreprise a souvent une approche de traitement de l’information plutôt que de se demander de quelle information elle a besoin et de se débarrasser des informations inutiles.
- L’entreprise structure une simple veille, se bornant à réactualiser des données souvent sous utilisées.
- L’entreprise fait remonter un maximum d’information terrain mobilisant ainsi beaucoup d’énergies de la part de beaucoup de personnes.
- L’entreprise part à la course aux signaux faibles alors que les signaux forts ne sont même pas identifiés.
- L’entreprise veut transformer chaque salarié en un agent de renseignement.
- Liste non exhaustive…
On constate alors les faiblesses dans la démarche : souvent à la base il y a une bonne intention mais dénuée de méthode, les consignes de la démarche de veille sont floues et les rôles mal définis, il n’y a pas de feedback.
Ainsi au bout de 6 à 8 mois la plupart des cellules de veille mettent la clé sous la porte avec le triste constat que la mobilisation autour de cette démarche n’est pas partagée dans l’entreprise et qu’il y a une réelle incompréhension entre la direction et les opérationnels.
Salon Pascal Frion, la mise en place d’une cellule de veille doit commencer par la réalisation de projets et non pas de structure. L’entrerpise doit se concentrer sur ses besoins en information et non pas sur les outils ou la structure qui sera en charge de traiter de l’information. Il est aussi important d’accompagner les conséquences et les changements sur le manage
ment lors de l’initiation d’une action de veille.
L’intervention de Pascal Frion fut riche en exemples et il a etre autre évoqué les « 5 actions à réaliser sur un salon pour obtenir de l’information », etc
J’ai particulièrement apprécié l’opposition qu’il fait entre le traitement de l’information et la recherche d’information. La recherche d’information doit correspondre à un besoin et on doit mettre en place des moyens cohérents et organisés pour la mener à bien. Ainsi plutôt que de se précipiter sur Google est-il peut être parfois préférable de prendre son téléphone et d’appeler un collaborateur, un expert… [Je caricature un peu à l’extrème mais je ne pense pas trop déformer ses propos].
Pour ma part je trouve que ce parallèle entre traitement et recherche est trés similaire à celui qui opposait le push et le pull. Lorsque l’information est poussée vous la subissez, la recevez et devez la traiter (suppression, rangement, enrichissement, transmission…) En mode pull, vous avez un besoin et allez chercher la source correspondant à votre besoin. Le RSS se situant d’ailleurs pour moi à la fontière de ces deux types de démarche.
Enfin, un avis personnel, j’ai trouvé le logiciel de Pascal sur l’autoformation à la recherche d’info trés bien réalisé : l’interface est trés agréable, la navigation simple, le contenu intéressant selon moi pour des étudiants…et des entrepreneurs / cadres.
La conférence s’est terminé pour les derniers à 00 H 45. Une longue soirée avec une seconde partie particulièrement enrichissante et sympathique. (Pascal Frion a confirmé toutefois qu’l n’avait malheureusement pas connu 40 % de croissance anuelle…)
Voir le PDF de présentation de Pascal Frion