Dans ce billet, je vais parler d’un gros mot : l’influence. Passons sur les définitions psychologiques et autres pour n’en retenir que l’essentiel : l’influence, c’est la capacité à faire adopter un comportement ou une opinion à autrui, et ce sans recourir à la force ou la tromperie (on ne parle donc pas de manipulation).
Dans l’écosystème du web, on parle beaucoup de « blogs influents » et d’ « influenceurs ». En particulier dans le métier de la veille, dans lequel il est très important de savoir hiérarchiser les sources pour éviter de finir asphyxié par son fil RSS.
Très bien. Seulement ces influenceurs ils influencent qui ? A propos de quoi ? Comment font-ils ? Beaucoup aimeraient devenir des « influenceurs », cet êtres quasi-divins auxquels on prête le pouvoir de mobiliser les foules connectées (et j’ai bien dit « connectées »). Je n’ai pas la prétention de répondre à tout ça en un billet, mais seulement de donner quelques idées qui me viennent à l’esprit, issues de mes observations quotidiennes.
Déjà, l’influence ça ne veut pas grand chose. Bien sûr, il existe des blogs extrêmement lus, qui font autorité dans leur domaine, tenus par des spécialistes, qui constituent des noeuds de réseau incontournables. Pas de problème. En dénichant certaines informations, en portant une analyse éclairée, ils peuvent faire réfléchir les lecteurs, les mobiliser, voire faire remonter un sujet dans les médias traditionnels.
Seulement, il faut prendre garde au prisme déformant : je n’ai pas de chiffres sous la main, mais même les premiers blogs du classement Wikio (un peu le Graal de tout blogueur digne de ce nom… même s’il y aurait pas mal de choses à dire sur ce fameux classement) n’atteindront presque jamais madame Michu qui n’entend parler de « buzz » qu’au journal télévisé.
Quand un blogueur est qualifié d’influent, il faut garder à l’esprit que sa prose ne concerne qu’une infime partie de la population. Et encore, on peut être « influent » au sein d’une communauté spécifique (LE spécialiste des nouvelles technos, LE spécialiste de la pousse de cactus, etc.) et pas dans une autre (pas sûr que les blogueurs de la catégorie « Politique » de Wikio reçoivent beaucoup de backlinks de la part des blogueurs « Scrapbooking ». Enfin je dis ça…).
Par contre, un positionnement intéressant, et dont on parle beaucoup moins, c’est celui du relais d’opinion : un blog, à l’intersection de communautés différentes, capable de faire circuler une information entre des publics qui, habituellement, n’ont rien à ne se dire en ligne. C’est le cas des blogs de vulgarisation économique ou juridique par exemple. Ou des journalistes spécialisés.
Pour terminer, quelques mots au sujet de la mesure de ladite influence : Attention aux belles promesses. Il peut être rassurant de voir devant soi de beaux indicateurs (scores d’influence et autres), mais souvent, ces indicateurs mélangent en réalité des bits et des pixels et ne veulent pas forcément dire grand chose (concrètement, additionner le PageRank, le nombre de commentaires et j’en passe…).
De plus, il est impossible de mettre en place une méthodologie de mesure cohérente car, le web se caractérisant avant tout par la richesse et la diversité de ses espaces d’expression, il est tout simplement hérétique de comparer le site d’un quotidien national (avec une audience forcément exponentielle de part sa démocratisation) avec un blog et ses centaines de lecteurs quotidiens…
Savoir qui compte en ligne, sur quels sujets, c’est important, c’est évident. Mais savoir garder la mesure des choses et adapter nos schémas traditionnels de pensée à ce nouvel espace d’expression qu’est le web l’est également.
Auteur : Thibault Souchet | Spintank | Billet de Chou | @ThibaultSouchet
Voir aussi d’autres billets sur Actulligence :
- Octobre 2009 : E-Reputation et Indicateur
- Novembre 2009 : Demystifions l’e-reputation : le retour