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Google efface de sa mémoire neuf ans d’espionnage

Le moteur de recherche américain devance les demandes de respect de la vie privée.

SOUVENT accusé d’être le « Big Brother » des temps modernes, Google, le moteur de recherche le plus utilisé dans le monde, a annoncé hier qu’il allait effacer de sa mémoire des milliards de données sur ses utilisateurs. L’« opération » interviendra d’ici à la fin de l’année. Des dizaines d’ingénieurs basés aux États-Unis et en Suisse vont en effet rendre anonymes les informations stockées depuis 1996 sur les serveurs de Google dans le monde entier. « Nous changeons notre politique concernant les»logs de connexion*, ces informations collectées à chaque fois qu’un internaute effectue une recherche, explique Peter Fleischer, le responsable européen des questions de confidentialité. Dorénavant, nous conserverons les informations sur les utilisateurs pendant 18 à 24 mois, alors que jusque-là nous les conservions indéfiniment. »

En effet, à chaque recherche sur Google, mais aussi lors d’une connexion à Google Earth ou même à Google News, la firme américaine stocke l’adresse de l’ordinateur, la date et l’heure, le système d’exploitation et le mot clé utilisés. Par ailleurs, d’autres informations sur ses préférences sont recueillies par de petits logiciels espions, les « cookies ». Il s’agit là d’une masse d’informations commercialisée par Google auprès des annonceurs qui ont besoin de statistiques sur les mots clés les plus souvent sélectionnés, et ainsi cibler leurs campagnes de publicité en fonction de l’audience.

La Cnil est montée au créneau

L’entreprise de Montain View modifie sa stratégie de conservation des données sous la pression de plusieurs acteurs. D’une part, les associations de défense de la vie privée, qui réclament des réformes depuis des années. Les régulateurs du monde entier, comme la Cnil en France, sont aussi montés au créneau sur les questions de respect de la confidentialité des données. Le 15 mars 2006, une directive européenne a même été votée pour que les pays membres de l’Union se prononcent avant 2009 sur la durée de conservation des données électroniques. La directive leur propose une fourchette de 6 à 24 mois. Au-delà, il sera illégal de stocker toute information. « En attendant 2009, un certain flou entoure la législation, estime Peter Fleischer. Nous avons pensé que c’était le moment d’améliorer nos pratiques et de créer une certaine transparence à l’égard des utilisateurs. » Le responsable des questions de confidentialité souligne que le coût de ce travail d’effaçage est bien supérieur au gain que représente la place ainsi libérée sur les serveurs de Google. D’autant que le moteur de recherche ne supprime pas toutes ces informations. La firme se contente de les rendre « anonymes », et conserve les éléments qui nourrissent ses statistiques. Les utilisateurs qui souhaiteraient au contraire être scrutés au-delà de 24 mois pourront toutefois en faire la demande, assure Peter Fleischer.

L’entreprise caricaturée pour sa volonté d’« organiser » l’information a prouvé hier qu’elle faisait des progrès dans le domaine de la communication. Elle n’a pas attendu d’être mise au pied du mur pour respecter la législation.

Auteur : Valérie Collet
Source :  Le Figaro – Le 15 mars 2007

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